Bétonisation et augmentation rapide de la population dans une ville dont le cadre de vie est déjà victime de cette politique : Avis défavorable à la révision du PLU de Taverny !

Changeons d’Ere à Taverny dépose un défavorable à la révision du plan local d’urbanisme de Taverny qui fait l’objet de l’enquête publique en cours.

Bétonisation et augmentation rapide de la population dans une ville dont le cadre de vie est déjà victime de cette politique

Madame Portelli et sa majorité n’avaient pas annoncé dans leur campagne de 2014 qu’ils avaient pour projet de massivement et rapidement augmenter la population de Taverny. Dans les 15 années qui avaient précédé leur accession à la mairie en 2014, la population de la ville était restée stable à 25 000 habitants.

Depuis, la population de la ville a déjà été augmentée de 10%, 2500 habitants supplémentaires : c’est dans ce contexte d’une ville, de sa population et de son environnement déjà fortement éprouvé que la révision du PLU est proposée.

Cette révision du PLU propose de rajouter 3000 habitants de plus, en construisant sur des espaces naturels, alors même que la situation actuelle témoigne d’un cadre de vie dégradé et d’un environnement menacé à cause de la bétonisation et la hausse de la population déjà opérée.

Pour ne rien arranger le document proposé est très incomplet, loin d’être à la hauteur de tels changements avec des impacts aussi forts : les arguments sont peu développés, beaucoup d’informations manquent et le cadre réglementaire n’est pas respecté.

Le projet de PLU ne respecte pas le Schéma directeur régional de l’Ile de France, le SDRIF-E : le projet de PLU propose 167 logements par an alors que le SDRIF-E en préconise 116 par an, soit 500 logements de trop sur 10 ans.

Aussi la révision du PLU ouvre 14,7 hectares à l’artificialisation alors que le SDRIF-E limite cela à 10 hectares : un dépassement de 47% !

Sur ces deux points, la commune aurait dû au moins présenter des alternatives, des scenarii respectant le plafond de 10 nouveaux hectares ouverts à l’urbanisation et le rythme de 116 logements construits par an : il n’en est rien.

Une « enquête » publique nécessaire du fait de la ZAC quartiers des T alors que les travaux en centre-ville de la ZAC n’ont pas attendu cette enquête pour être réalisés (avant les élections…) : biais, mise devant le fait accompli et déni de démocratie

Ce sont les objectifs de construction de la ZAC Quartiers des T qui provoquent le non-respect du SDRIF- E, avec son projet de destruction des terres agricoles cultivées pour y faire l’« éco-quartier ». L’ampleur du projet de la ZAC a justifié le lancement de la révision du PLU : pourtant la ZAC Quartiers de T a commencé à être réalisée en grande partie avant même que la révision du PLU soit achevée et ait fait l’objet d’une consultation (celle qui est encore en cours).

Cette ZAC associe le projet d’éco-quartier sur les terres agricoles des Ecouardes, les travaux « Cœur de ville » du centre-ville (création d’une nouvelle halle alors que la halle actuelle avait moins de 30 ans) et la promotion immobilière au quartier Verdun-Plaine en détruisant l’ancienne piscine de Taverny (ancienne mais encore exploitée au profit des associations d’Eaubonne).

Au lancement du projet, l’ensemble a été présenté à la population comme formant un projet d’ensemble pour l’avenir de Taverny, puisque intégré dans une seule et même ZAC : le tout en annonçant la révision du PLU.

Mais ensuite un véritable forcing procédurier a été mis en œuvre pour mettre la population et les acteurs devant le fait accompli : les travaux en centre-ville de la ZAC ont été réalisés sans attendre la révision du PLU. Or ces travaux en centre-ville ne sont financés que si la révision du PLU va positivement à son terme. Car dans le bilan financier de la ZAC, examiné en conseil municipal, c’est le bénéfice en charges foncières prévu en construisant sur les terres agricoles qui finance intégralement les travaux de prestige du centre-ville. Ces travaux de la ZAC en centre-ville ont donc été opportunément menés à quelques mois de la prochaine élection municipale sans même savoir s’ils seraient financés : si la destruction des terres agricoles ne se fait pas, ou pas dans les mêmes proportions, ces travaux ne seraient plus financés.

Cette manœuvre guidée par le calendrier électoral témoigne d’un grave manque de respect tant de la réglementation que de la population.

C’est aggravé par les modalités de gestion de la ZAC Quartier des T : le bilan annuel de la ZAC n’a pas été transmis au conseil municipal, alors que c’est une obligation. L’opacité caractérise cette opération.

La réalisation des travaux du Cœur de Ville constitue à elle seule un motif de rejet de cette révision du PLU : ces travaux ont misé sur une issue positive de l’enquête publique et contribuent à biaiser fortement les avis et la perception par la population et les experts. Les travaux étant réalisés, la population étant

mises devant le fait accompli, elle est invitée à valider la révision ou à ne pas réagir, puisque dans les faits une partie de ce qu’elle prévoit est déjà réalisée.

Pour compenser ce tableau noir, le PLU est rempli de déclarations d’intention positives environnementales, certaines correspondant à des initiatives intéressantes : mais ces initiatives pèsent peu face au lourd bilan du projet de PLU. En particulier est trop importante l’artificialisation des sols naturels, qu’il est proposé de poursuivre, malgré le rythme des destructions déjà opérées depuis l’arrivée de Mme Portelli et son équipe aux responsabilités.

Ce lourd impact environnemental exige une évaluation environnementale complète : celle-ci manque. La liste des enjeux non documentés est longue et porteuse de risques importants : manquent l’analyse de l’état initial de la qualité de l’air et du bruit, de la faune et de la flore, l’évaluation des incidences sur les déplacements et de la contribution du PLU révisé au réchauffement climatique, ainsi que la prise en compte des sites inscrits et classés.

Pour ne rien arranger, l’impact sur la santé humaine est pris à la légère, avec un manque notoire d’évaluation de l’impact sanitaire des projets et du trafic routier qui serait généré par les 3000 habitants supplémentaires :

  • Une crèche est proposée sur le site pollué de l’ancienne friche APAVE. Le site, occupé par des bureaux, et jusqu’aux années 1950 par une usine à gaz, a été en partie dépollué mais il subsiste des pollutions en hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) dans les sols, en cyanures et ammonium dans les eaux souterraines, et en benzopyrènes (sources : fiche Basol, ARS Île-de- France).
  • Les habitants du nouvel éco-quartier seraient, s’il était réalisé, fortement exposés au bruit (exposés à 55 à 60 dB de Lden selon la carte de Bruitparif). Alors même que la zone est située dans un espace où les habitants perdent 36 mois d’espérance de vie en bonne santé à cause du bruit (source Bruit Parif). Pire : pour les protéger du bruit, il est proposé d’ériger un équipement sportif en rempart, ce qui exposerait fortement les enfants et les adultes qui pratiqueraient du sport à cet endroit
  • L’impact de la hausse du nombre de voitures qui serait provoqué par les 3000 habitants supplémentaires n’est pas analysé : pourtant plus de 8000 personnes meurent chaque année à cause de la pollution de l’air en Ile de France.

Les premiers logements de l’éco-quartier » seraient implantés à moins de 150 m de l’autoroute, donc dans la zone d’influence de la pollution atmosphérique de cette autoroute.

L’impact sur la circulation et le stationnement n’est pas non plus évalué alors que la circulation et le stationnement sont déjà très dégradés à Taverny, nuisant fortement au cadre de vie : bouchons, perte de temps, pollutions sonore et atmosphérique et dangerosité sont en hausse depuis l’organisation de l’augmentation de la population. Malgré la volonté de rajouter 3000 habitants supplémentaires, l’évolution du trafic routier liée aux projets envisagés par le PLU n’est pas appréhendée dans le rapport de présentation.

La priorité est donnée à la construction de logements en artificialisant massivement les sols alors même que la commune compte de plus en plus de logements vacants : la révision du PLU n’intègre pas cet enjeu de la vacance, passée sous silence alors que le PLU a vocation à être sincère.

L’Autorité environnementale note que « la vacance de logements est passée à Taverny de 385 logements en 2010 à 715 en 2021 (soit 6,1 % ; taux supérieur à la moyenne départementale). Cette progression est préoccupante » selon l’Autorité environnementale.

La révision du PLU se fonde même sur une poursuite de la hausse du nombre de logements vacants et de résidences secondaires : à tel point que les proportions de logements vacants et de résidences secondaires dans la commune atteindraient 7,8 et 8,5 % en 2033. Pourtant le PADD annonçait l’objectif de « réinvestir les logements vacants de la commune »

La ville doit donc d’abord intégrer ce sujet systémique de la vacance avant de proposer de détruire des espaces naturels pour construire : il en va de la sauvegarde de la santé, de l’environnement et du cadre de vie.

La consommation de près de 12 ha avec la seule opération dans la ZAC de l’ « éco-quartier », qui décidemment porte très mal son nom, constitue un rythme d’urbanisation trop fort et trop éloigné de la déclaration d’intention de réduction de la consommation foncière qui pourtant est annoncée dans le même document.

Cette contradiction, sur un sujet majeur, participe à l’impression d’ensemble d’un document qui annonce un respect de l’environnement et de la santé des habitants mais qui propose des réalisations contraires à ces objectifs : une grossière opération de communication. Les quelques opérations positives qui servent à ce « marketing vert » voient leur impact positif complètement annulé par les autres et principales opérations qui fragilisent le cadre de vie, détruisent des espaces verts, mettent en danger le patrimoine et la santé des habitants.

La biodiversité est la parent pauvre de ce projet de PLU qui ne mentionne pas d’inventaire sur site des habitats naturels, de la faune, de la flore sur les sites où des projets seraient rendus possibles par le PLU révisé. Or, le « PLU doit définir les règles nécessaires au maintien de la biodiversité et des habitats associés, voire viser un gain net de biodiversité à l’échelle de la commune » (MRAe).

Ces atteintes à l’environnement sont d’autant plus graves que la situation de la Forêt de Montmorrency n’est pas évoquée : une autre omission choquante qui fait douter de la sincérité du plan. Cette forêt, qui constitue l’essentiel des espaces naturels de Taverny, est fragilisée par la maladie de l’encre et par les coupes rases, dans des proportions très importantes. Dans ce contexte, la révision du PLU aurait donc dû prendre en compte la situation du principal poumon vert et habitat de la biodiversité de la ville, et limiter en conséquence les nouvelles destructions d’espaces verts. Cette non prise en compte de la situation dramatique de la forêt accentue les risques graves que fait peser ce projet de PLU sur la santé de l’environnement et des habitants.

La souveraineté alimentaire est également bafouée, de même que l’enjeu d’une nourriture de qualité produite à proximité : compte-tenu des contraintes climatiques et environnementales en région Ile de France en 2025, l’urbanisation de plaines agricoles fertiles n’a plus aucun sens aujourd’hui. Cela a encore moins de sens à Taverny lorsque l’on prend en considération la perte de terres maraîchères de la plaine de Pierrelaye, toutes proches, perte due à la pollution des sols. En Ile de France, les terres agricoles doivent être sanctuarisées.

Le nouveau zonage comprend trop de nouvelles possibilités de construction peu ou mal explicitées :

1/Les intentions de la nouvelle zone UH sont opaques : après examen attentif et sur le terrain, elle s’apparente à une autorisation large pour de nouvelles constructions destructrices d’espaces naturels de proximité.

En effet les nouvelles zones UH anciennement zones Nr concernant les secteurs « La Saussaye, les Goberges, les Grands Sentiers, le Tampon, l’Ecce Homo, le Saint-Esprit » d’une part et « les Amuses » d’autre part, sur les côteaux en limite de forêt sont beaucoup moins restrictives en termes de constructions possibles que la zone Nr de l’ancien PLU. De fait, ces nouvelles zones UH ouvrent à l’urbanisation plus de 12 hectares de zones sensibles classées Nr.

Des espaces verts protégés disparaissent totalement sur certaines parcelles. De très nombreuses parcelles pas ou peu construites deviennent constructibles et accessibles par les sentes carrossables et de façon plus importante s’il y a des regroupements de parcelles. Pour le secteur « les Amuses » un regroupement de parcelles non construites permet d’arriver à un terrain de plus de 9000 M² avec un accès possible par l’angle de la rue des Aulnayes.

L’urbanisation de la plus grande zone UH est facilitée par le nouveau projet délimité des abords de l’église qui l’exclut du périmètre actuel de protection de l’église : nous avons déposé un avis défavorable par ailleurs contre ce projet de création d’un périmètre délimité aux abords de l’Eglise.

2/Au nord de la rue Gabriel Péri l’extension de la zone UGa, extension prise sur cette même ancienne zone Nr, permet maintenant de rassembler des petites parcelles attenantes pour les urbaniser le long des sentes.

3/La zone N augmentée est une tromperie. La manipulation associée à la zone Nv est une provocation : elle donne l’impression d’une zone N en légère croissance et fait « disparaître » du bilan global cette ouverture à l’urbanisation sur 12 hectares de zones sensibles.

Cette zone N est fictivement augmentée en comptant désormais, non seulement les parcs et jardins déjà existants ce qui semble normal (mais ne constitue pas des créations), mais aussi et surtout en comptant les accotements de l’A115 et des grands axes, ronds-points et routes.

Ces accotements constituent la part la plus importante de cette zone Nv. Cette manipulation permet d’annoncer une zone N fortement augmentée, alors qu’il n’en est rien. Elle participe aussi au sentiment de méfiance à l’égard de l’ensemble du document tant sont nombreuses ces pratiques de présentation douteuse, accompagnées d’une communication exagérément positive sur les aspects santé, environnement et patrimoine.

Aussi ces erreurs ou manœuvres ne permettent pas de comptabiliser avec assurance l’ensemble des parcelles qui seraient artificialisées : non seulement l’artificialisation annoncée est de 47 % supérieure à celle permise par le SDRIF-e mais en plus elle est sûrement sous-évaluée à cause de ces artifices de présentation du zonage. Le total risque d’être supérieur au 14,7 hectares annoncés, total déjà problématique en soit.

Plutôt que d’être comptabilisées en zone N, les autoroutes, routes, bretelles d’accès, ronds-points et trottoirs, artificialisé, devrait être rattachés à la zone UD, équipements d’intérêt collectif et services publics.

Tout le long du bois de Boissy, sur un kilomètre, la zone N a été étendue sur la largeur de la voirie de l’avenue de la Division Leclerc. Cette voirie était initialement intégrée aux zones UC, UG, UGb.

Difficile de considérer une voie bitumée comme une zone naturelle. Encore une façon d’étendre de façon fictive la zone N de plus d’un hectare.

Cela permet, visuellement sur le règlement graphique, d’accoler des zones « vertes » N et Nv laissant entendre une continuité d’une « trame verte ». Il n’en est rien dans la réalité si on prend en considération, les routes, autoroutes, bretelles, ronds-points.

Il n’y a en réalité pas de création de secteurs naturels, c’est seulement un décompte différent, la ville n’est malheureusement pas plus « verte » qu’auparavant, bien au contraire. La présentation est vraiment trompeuse.

La nouvelle zone Nv du parc Leyma intègre le conservatoire Jacqueline Robin et son annexe, les voies d’accès, une partie de la chaussée de la rue de Paris, des places de stationnement de la place de Ludinghausen, équipements qui auraient dû être intégrés dans la zone UD attenante.

La création des deux zones UWa n’a aucun sens pour la commune. Terrains communaux, biens publics, ces créations permettent de vendre au plus bas prix légal à des entreprises privées. Dans ces deux zones UWa, les pistes cyclables utilisées, accès lycées et collèges, accès nouvelle piscine et centre commercial, ont été sacrifiées sans enquêtes publiques préalables.

Un des subterfuges les plus marquant sur le zonage est l’absence d’allusion à l’urbanisation des 12 hectares de la zone Nr qui passe en zone UH.

Il y aussi des incohérences entre le PADD et la zone UWa de la pelouse de Pontalis : cette pelouse entrait intégralement dans la continuité de la trame verte. La ville a déjà annoncé sa volonté de détruire 16 000m2 de cette pelouse, déjà vendue à un promoteur privé pour y faire des hangars de foot en salle, alors qu’elle constituait un des plus grands espaces verts en accès libre et en cœur de ville : une autre illustration de l’écart entre les déclarations d’intention et les pratiques de cette majorité.

Cette révision du PLU comporte quelques initiatives positives pour la patrimoine et l’environnement. Ces dernières sont fortement mises en avant dans le document.

Malheureusement les principaux choix de ce nouveau PLU auraient des impacts négatifs bien plus lourds de conséquences pour l’environnement, la santé des habitants et leur cadre de vie.

Ces choix traduisent l’entêtement de la majorité à vendre le patrimoine communal aux promoteurs et à organiser la hausse rapide du nombre d’habitants et de voitures sans prendre en compte sérieusement l’impact de ces choix qui se font déjà rudement ressentir au quotidien.

Le SDRIF-E de l’Ile-de-France est moins protecteur que celui des autres régions françaises, avec seulement un objectif en IDF de 20% de baisse du rythme d’artificialisation par décennie au lieu de moins 50% dans les autres régions : malgré cette permissivité en IDF, le projet de PLU de Taverny va trop loin, est hors des clous, sans même se donner la peine d’évaluer correctement les conséquences de tels choix.

Puisqu’il s’agit ici d’un avis défavorable donné dans le cadre d’une enquête publique, nous insistons sur le déni de démocratie et des procédures qu’a constitué la décision de la maire et de sa majorité de réaliser les travaux de la ZAC Quartier des T sans attendre cette enquête publique sur la révision du PLU, alors que c’était cette ZAC Quartier des T qui rendait obligatoire cette même révision du PLU et son enquête publique.


En réunion publique et dans la communication de la ville, l’annonce d’une révision du PLU et de son enquête publique a été faite très tôt, il y a 4 ans, et répétée depuis : cela a servi à donner l’impression à la population qu’elle aurait la possibilité de donner son avis.

En réalisant les travaux Cœur de ville sans attendre, la maire et sa majorité n’ont pas respecté la démocratie locale et les consultations qu’elle implique en matière d’urbanisme.

Notre avis défavorable porte donc tant sur les choix proposés, dangereux pour une ville qui ne pourra pas en absorber les conséquences sans dommages, que sur la méthode utilisée, irrespectueuse et trompeuse.

Changeons d’Ere à Taverny et ses conseillères et conseillers municipaux (Thomas COTTINET ; Catherine THOREAU ; Franck CHARTIER ; Bilinda MEZIANI ; Cédric LE ROUX)